Comment j’ai écrit un « torchon » à Dominique Baudis, le défenseur des droits

Droit Au Logement Vienne (86)

Droit Au Logement Vienne (86)

A l’attention du Défenseur des droits, Monsieur Baudis
A l’attention de Monsieur Valls, ministre de l’Intérieur
A l’attention de Mme la préfète de la Vienne
A l’attention de la direction départementale de la cohésion sociale, Paris
A l’attention du Président FNARS
A l’attention de Monsieur le député Maire de la Vienne, Alain Claeys
A l’attention du Président du Conseil Général de la Vienne

Cc : DDCS Poitiers, Direction OFII, Juge pour enfants Mme Verrier, PMI, Toit du monde, AS/ polyvalence-CHU-115 Angoulême, DGAS / DISS, Croix Rouge Française Poitiers

Ce jour, vendredi 9 août 2013, nous nous rendons à l’OFII avec deux personnes nouvellement arrivées au squat ; demandeurs d’asile, mais ayant déjà fait des démarches en préfecture et à l’OFII, nous ne comprenons pas, encore, ce qu’il se passe. Ils n’ont aucun document, rien. Nous allons à l’OFII pour savoir ce qu’il en est (Toit du monde et la Cimade fermés en août):

Extraits :

A notre arrivée, mon collègue du Dal86 s’adresse à Mme Gratien*, qui lui dira de ne pas parler et me demandera quant à moi, mon nom ; quelques minutes s’écoulent et là arrivent (je suppose) la responsable ( ?) et Mme Gratien ; la « chef » s’adressera à mon collègue au sujet de « cet écrit fait par une personne bénévole du DAL », ce « torchon », énervée elle le taxera de « malhonnêteté intellectuelle » ; Elle ne s’adresse pas à moi, et j’en suis là à me dire ça y est c’est parti : mais c’est qui elle ? Je ne sais pas, qu’est ce qu’elle en connaît du professionnalisme, de la conscience morale ? Je ne sais pas, pas grand-chose, elle continue de monter dans les tours « vous avez écrit à….. Dominique Baudis » (note aigüe sur la fin), ça a l’air franchement de l’embêter ; aurions-nous touché dans le mille ?

Ce qui questionne c’est son attitude, sa réponse disproportionnée face à cet écrit…. Cette chose de rien du tout ? L’histoire de cette mère à la rue, avec son enfant de 21 mois, elle en dira : « alors là !si vous vous mettez dans un état pareil pour deux personnes !!! », à ce moment, c’est quand même horrible ce qu’il me passe par la tête, apparemment cette femme a été ancienne travailleuse sociale…Quant à moi dit-elle : « je règle mes comptes avec l’ASE », « c’est bien ça de dénigrer son ancien employeur ». Je lui dis plusieurs fois : « mais à qui tu parles ? », elle ne répondra pas. Elle flippe car « elle dit (en parlant de moi) que Mme Gratien a téléphoné aux RG !!! », et je me dis, mais ce n’est quand même pas possible que des gens apparemment à de hauts postes dans l’administration ne sachent pas lire. Car j’avais clairement écrit : « je ne sais pas si je suis sur écoute téléphonique, ou si mon ordinateur est piraté, je ne sais pas si l’OFII a téléphoné aux RG, en tous les cas Mme M est capable de dire ‘ils ont dit que tout avait été enregistré au directeur’, oui c’est vrai (115)….et je l’ai dit et répété la veille, excédée à l’OFII, car personne ici n’en n’a rien à faire d’une femme à la rue avec son enfant. Moi aussi mon interlocutrice Mme Gratien ne voulait pas me croire ‘ce n’était pas possible’, puis : ‘nous avons signalé’. »

J’avoue que ça me dépite, vraiment : à l’ASE il y a une semaine, ce que disait Mme Raynard « elle ne le disait pas »  et là c’est du même topo sauf qu’un écrit nous sépare. Elle le trouve encore une fois « torchon », moi qui en ai enlevé des couches, fait le tri pour qu’il soit accessible, net, propre, je le trouvai bien plutôt ! Peut être faudrait –il alors que je renvoie mon premier jet ? Un peu plus de sept pages, peut être verrait –elle une différence ? Là je me suis sacrément lâchée, et c’est peu dire.

Mais le pire c’est que je ne sais pas où je me trouve : à l’ASE ? Ou à l’OFII ? Tout se mélange, rien n’est là où il devrait être, il y a quand même un gros problème de place ici, d’incohérences…. Elle est quoi ? Qui ? Mme Raynard aussi je ne savais pas son nom, dans ces pratiques on ne sait pas à qui on s’adresse : question : comment ai-je su ? Que sait-il passé pour que je le sache? Et elle là, elle fait quoi ?….Elle juge un écrit et apparemment me parle de « malhonnêteté ? » C’est vrai qu’ici tout va bien ; elle est qui pour juger ?….Ne me dites pas qu’elle aurait travaillé à l’ASE en plus hein ? Ca ferait beaucoup. Pourquoi, pourquoi, pourquoi…..Et c’est moi qui aurais « des comptes à régler » ?? A force d’occuper toutes ces places, elle règle ses comptes avec qui, elle ? Son intervention auprès de mon collègue en est l’exemple. Elle suppose quoi ? C’est le bazar. Je croyais être à l’OFII. Elle dira en me regardant « c’est honteux », et moi de lui répondre la même chose, oui « c’est honteux », je suis tout à fait d’accord sur ce point; elle se tait ne dit rien, repart sur un autre sujet…..

Elle va « porter plainte pour pression et harcèlement, pour diffamation ». Si elle porte plainte très bien et un juge justement jugera ; Continue à hausser le ton en parlant du DAL dira que « nous sommes jaloux » car eux ont sauvé « 250 personnes** et nous sommes jaloux car nous n’avons pas trouvé de logement pour Mme M », répète plusieurs fois que « nous croyons les gens mais qu’il ne faut pas » ; s’approche de moi, et dit « vous enregistrez hein, vous filmez tout !!!! Elle a dit qu’elle filmait hein c’est elle » tout ça en me pointant du doigt encore. Elle est dans un état, n’est pas tranquille, avance, recule, fait les questions et les réponses. Oui, oui, oui, je filme tout (je filme rien mais bon, si elle veut y croire) ; c’est fatiguant, cependant  je comprends une chose, c’est qu’elle fait dans sa culotte, elle a peur, ça transparaît de partout, sautille, pointe l’index, ne tient pas en place, change de sujets tout le temps et ça, ça veut tout dire ; mon collègue lui lancera des perches énormes qu’elle rattrapera au vol, c’est pitoyable « le DAL national attaqué par la Croix rouge !! C’est bien fait pour vous !! » s’écrie-t-elle, comme quoi, elle a rien compris. Et Mme Gratien de rajouter en parlant de sa chef ( ?) cachée derrière elle : « Elle a une très bonne mémoire hein » là aussi en nous pointant du doigt, ça tombe bien, moi aussi. Quant à mon collègue, idem. Je continue d’halluciner, c’est délirant. Je me demande si c’est une blague ?

Monsieur Baudis, venez à Poitiers. Ou bien dois je écrire au parlement européen, ou….à la commission des droits de l’homme ? Dire que je n’ai même pas écrit au Ministère de l’Intérieur.

Il faudrait expliquer à ces gens qu’on ne peut sauver personne, c‘est la première chose, surtout quand il y a non assistance à personne en danger et qu’aucune institution n’est présente dans la rue ; Sauver quelqu’un implique une dette, un don, et un contre don : à quelle place là aussi met-elle ces gens alors ? c’est plus grave que ce que je pensais. De même comment peut-elle avancer un tel chiffre ? 250, qu’en sait-elle ? Allez voir les gens dans la rue justement, ceux que le DAL ne doit pas accompagner à l’OFII… Avec tant de « professionnalisme » normalement on ne se donne pas en spectacle devant des « personnes » que l’on va prendre en charge (ça s’appelle la posture…professionnelle), le couple étant présent devant ce théâtre. Enfin, et alors là j’avoue que je suis assez démunie car : Madame Gratien elle même m’avait dit « de faire un rapport pour faire remonter» concernant la situation de Madame M lorsque je suis allée à l’OFII mardi dernier ; j’avais répondu « que oui, j’en étais rendue à 5 pages », pourquoi ce cirque aujourd’hui ? le grand n’importe quoi continue. C’est tout et son contraire…c’est désolant. Enfin, nous ne devons pas accompagner ces gens car « nous les infantilisons », peut être que Monsieur Baudis ou quelqu’un d’autre pourrait expliquer à ‘ces fonctionnaires harcelés par le DAL’*** que ces personnes ont le droit d’être accompagnées. A voir ce cinéma, je me demande à quoi elle joue, et qui elle veut, elle, infantiliser ; pas moi en tout cas.

Concernant les demandeurs d’asile, il y a eu tellement de communiqués là-dessus que je n’en rajouterai pas, car « le DAL accompagne des gens qui ne sont pas demandeurs d’asile » et donc évidemment qui ne peuvent pas être suivis par l’OFII….. Comme Madame M, comme ce couple aujourd’hui à la rue…..Eux ne le sont pas c’est ça ?

Quoi faire, que faire. Qui interpeller ? L’OFII ne prendra plus les gens en entretien si le DAL est là ( je rappelle que Mme Gratien me contacte pour que moi la bénévole je fasse lien entre la Croix Rouge et Mme M déportée à Angoulême ; je rappelle que je tombe sur une boutique solidaire laquelle ne connaît pas Mme M, j’appelle le 115 qui après avoir entendu dans les détails une semaine ici et la tactique de l’OFII, me donne des numéros directs ; enfin j’arrive à avoir L’AS d’Angoulême et la bonne adresse pour la domiciliation, et toujours la bataille durant 3 jours pour savoir à la Croix Rouge où se trouve les courriers…) **; L’OFII nous dit que si nous voulons bien faire notre travail, « il faut les aider (les gens) à retourner chez eux…. » Nous sommes scotchés, je n’ai plus envie de rire. Et elle dit sauver des gens ? Soutenue par Mme Gratien? Comment nomme-t-on ce procédé ? Quid du professionnalisme, je continue à me poser des questions. Quant à la malhonnêteté intellectuelle….

D’un coup la soupape redescend ; Comme elle est la seule à monter, elle s’apaise… apparemment les gens peuvent essayer de travailler ensemble ; le couple sera reçu (c’est la seconde fois en deux jours) et…..nous partirons.

Ce rendez vous n’a servi à rien à ces personnes car là aussi, comme ils n’ont toujours pas de documents ils ne peuvent pas faire leur demande de prise en charge au Pôle Emploi où nous les avons emmenés juste après (comme écrit sur un bout de papier par l’OFII pour une demande ATA). Il faut un document de la préfecture, un document de l’OFPRA…Là aussi je répète : est ce fait exprès ? Nous retournerons à l’OFII, une troisième fois, pour cette même situation. Et nous y retournerons encore et encore ; Le travail est tellement bien fait, et surtout ces personnes ne sont pas encore ‘sauvées’. Infantilisées peut-être ? A force de tourner en rond…

Je n’aurai jamais cru que cet écrit sur Madame M serait lu, convaincue que personne n’en a rien à faire « d’une femme à la rue avec son enfant » ; je suis étonnée, je suis même contente, et je n’en reviens toujours pas. Ce fût intéressant, étonnant, incroyable. Ce fût une bien belle journée.

Céline Epain

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* OFII, la semaine passée, écrit envoyé le 1er août à Mme Gratien (et à plein d’autres gens)

** écrit paru sur le site du DAL « puisque l’enfant est avec sa mère il n’est pas en danger dans la rue »

*** Voir vidéo, où là ce ne sont pas les fonctionnaires qui sont harcelés (quant à moi je ne suis allée à l’OFII que deux fois).

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