Le 31 juillet 2013
Bénévole au Droit Au Logement, éducatrice spécialisée, citoyenne, qui signale et veut rendre compte d’une situation de danger avéré concernant un mineur de moins de trois ans.
A l’attention du Ministère des Affaires Sociales, et de la Cohésion Sociale
A l’attention du Défenseur des droits, Monsieur Baudis
A l’attention du Président du Conseil Général de la Vienne
A l’attention de Madame le Juge pour enfants, Madame Verrier
A l’attention de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale
A l’attention de Madame la Préfète de la Vienne
A l’attention de Monsieur le Député – Maire de Poitiers
Copie à la Presse
cc/ Directions : ASE-DGAS et SIAO, OFII, assistantes sociales CHU/polyvalence, PMI, Toit du monde, assistante sociale 115 Angoulême.
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Educatrice spécialisée, j’ai travaillé à l’Aide Sociale à l’Enfance sur différents départements, puis aussi au service AEMO, et en polyvalence de secteur, c’est-à-dire en remplacement assistante sociale sur ce département.
En formation depuis 2 ans, en création d’entreprise depuis quelques mois, je n’ai pas vu les dispositifs et pratiques professionnelles évoluer ; nous rencontrons mardi soir (le 23 juillet 2013) à la permanence une mère de 24 ans, demandeuse d’asile, avec son enfant de 21 mois. Elle est ici depuis 3 mois, veut rester ici car son frère est là. Nous sommes interpellés par son histoire, son errance physique, psychique, les maltraitances, et son viol ici à Poitiers (forcée de s’alcooliser, et violée, en présence de son fils ‘otage’), son hospitalisation rapide au CHU. Je le suis d’autant plus lorsque cette mère me dit qu’elle perçoit l’allocation mensuelle de 250 euros par l’ASE. Cette femme a été hébergée de ci de là, a dormi à la gare, n’a plus confiance depuis son viol, qui pourrait sereinement l’aider ?
Nous lui demandons de re-téléphoner au 115, ce qu’elle fait, et se fait renvoyer ‘non il n’y a pas de places’(dit plusieurs fois) ; mon collègue prend le téléphone et met le haut parleur, la scène est aussi filmée ; le 115 connaît la situation de cette dame, elle appelle plusieurs fois par jour, « nous ne pouvons rien faire, oui nous savons que c’est difficile » (et on le répète et répète encore et encore pas de places pas de places) Un signalement aurait été fait….Nous demandons à parler au responsable ; Mr David Duprez nous rappelle, « n’a rien à nous dire, à peur d’être enregistré. Il ne peut rien faire, rien, l’inconditionnalité de l’accueil ce n’est pas son problème ; la loi il n’y peut rien », le redit, lui aussi plusieurs fois ; nous expliquons que cette dame demande à aller dans le squat, ce même squat qui va être vidé bientôt car la Mairie a porté plainte, puis l’a retirée, puis a laissé quelques mois de sursis…. ce squat décrié car considéré comme dangereux – à tort bien sûr-, voila où on en est aujourd’hui. De 35 places en 2010, on est passé à 25 concernant l’accueil …et des gens demandent à y aller….Nous sommes dans la maltraitance, le paradoxe, encourageons l’insécurité et la mise en danger avérée d’un mineur de moins de trois ans. Rien n’y fait, rien. C’est à « nous (bénévoles) d’héberger chez nous » dit –il. Mon collègue lui renverra cette répartie « et vous alors vous ne voulez pas ? Vous n’avez pas une grande maison ? ».
Le 24 juillet au matin nous allons à la DGAS et sommes reçus par Mme Raynard, cadre (ou technicienne ?) ASE, je prends des notes, un bénévole du DAL et la mère sont là, l’enfant « non, il en a déjà assez entendu comme ça ». L’entretien tourne vite court : Madame Raynard ne dit « ne rien pouvoir faire, la mère et l’enfant ne sont pas en danger, dans la rue » ; nous citons les articles du code de l’action sociale et de la famille,* ce n’est « pas son problème », c’est notre ‘interprétation’. Sur son état de ‘mère isolée’, elle nous répondra ‘elle ne l’est pas elle est avec son enfant’, répète que « Puisque l’enfant est avec sa mère et qu’il n’est pas en danger dans la rue ». L’envie de vomir me prend. Je l’interpelle sur l’article 375 du code civil**, elle s’abaisse, s’approche de moi et me dit : « allez y, dites moi ce que c’est dites moi, si vous ne le dites pas c’est que vous ne savez pas ! » ; j’éclate de rire c’est plus fort que moi, voilà ce que c’est l’ASE aujourd’hui, « les yeux dans les yeux », alors je m’approche d’elle et on se regarde comme ça pendant plusieurs secondes, et je me dis mon dieu, c’est tombé bien bas ici…..J’en ai un haut le cœur de dégoût. Quelles sont donc ces pratiques ? Pas de déontologie, d’éthique ? De conscience ?
Après un moment je récite donc ce que c’est que cet article qui parle « de santé et de sécurité » et de bien d’autres choses encore…elle répètera les premiers mots de cet article à ma place, tournera le dos, dira que la mère, « n’a pas de difficultés éducatives avec son enfant, qu’elle demande un hébergement, que ce n’est pas l’affaire de l’ASE ». Nous avons connaissance que des places sont disponibles au foyer Cécile et Marianne, le 23 et 24 juillet : « c’est le problème du 115 et du SIAO, c’est l’Etat », puis elle interroge la mère ‘vous êtes allée à la PMI ??’ ; est- ce la PMI qui est gardienne de l’intérêt de l’enfant ??
Nous répétons les échanges de la veille : l’inconditionnalité de l’accueil en Service Intégré d’Accueil et d’Orientation*** : ce n’est pas possible, la loi, pareil, l’hôtel ‘c’est que pour l’hiver’ alors que c’est faux ! L’hébergement peut se faire l’été ! Tous les systèmes sont verrouillés, je ne comprends plus rien, tous les jours, nous avons appelé le 115, plusieurs fois par jour, une messagerie automatique nous dit « qu’aucune place n’est disponible ». (La cadre demandera à Mme M de sortir dans le couloir car je cite « elle n’a pas à entendre ce que l’on a à dire ici » nous comprendrons plus tard pourquoi…).
Que faire ? Mme Raynard n’entend pas que l’errance quelle qu’elle soit, la maltraitance physique, psychologique, le crime du viol, la non réponse car surdité des Institutions, la non plainte car sans papiers alors que, même dans cette situation le médecin a poussé cette femme à témoigner, nous essayons donc la provocation : Mme Reynard est choquée !! Et elle recommence son ‘les yeux dans les yeux’ s’approche me fixe, et pour la deuxième fois, tournera le dos et ne se questionnera pas sur : le problème de logement, la violence de la rue, l’insécurité, la maltraitance répétée des services qui peuvent induire les problèmes éducatifs, les troubles de développement, de comportement. Tout n’est que mensonges et dénis, tout et son contraire. Minable, pathétique. Voilà ce qu’est le service gardien. Et l’enfant dans tout ce délire ? Mme Raynard se posera juste la question ‘je ne suis pas un monstre vous savez’ ;’s’ils leur arrivent quelque chose vous pensez que je suis responsable, c’est ça que vous pensez ?’….Protéger la mère et l’enfant de cet entretien : bravo l’ASE!!! Nous n’avons que faire des états d’âme de cette cadre….Nous n’ « exigeons pas » comme elle a pu le dire: nous voulons juste que la loi soit appliquée pour tous. Rien concernant la suite de l’article 375 du code civil, vite oublié.
Je pense à « la banalité du mal » de Hannah Arendt : non vous n’êtes pas un monstre, juste un être banal, (1) qui participe au système, qui se justifie comme il peut, qui parle de ses supérieurs, et …. Et alors ? Serait ce de la dé-responsabilité ? (2) « Le problème […] est précisément qu’il y en beaucoup d’autres comme lui, et que la plupart ne sont ni sadiques ou pervers, qu’ils étaient et qu’ils restent, terriblement et effroyablement normaux. » (H. Arendt)
Mme Raynard qualifiera cet échange de « stérile » … voyons. Je ne voulais pas croire ce que disaient mes collègues du DAL … j’ai vu, j’ai entendu et j’ai repensé à mes propres interventions il y a quoi ? Seulement quelques années : Mme Raynard dit « que l’ASE ne s’occupe que des familles dont elles ont le suivis, qui sont identifiées par le service » ; Mais je me rappelle que déjà en 2009, il était bien complexe de faire passer des rapports difficiles, violents, dégueulasses, et qu’il fallait une sacrée stratégie pour faire passer ses écrits aux partenaires : ceux-ci s’en souviennent encore ! Moi je me rappelle avoir travaillé pour l’Etat, avoir signalé, j’ai toujours mes contrats et mes fiches de paie, et n’en déplaise à Mme Raynard si elle n’est pas l’Etat, si elle cadre, ne peut pas téléphoner au foyer, si elle cadre, travaille pour le Conseil Général mais n’est pas l’Etat, alors elle est quoi ? (1)
C’est un dialogue de sourds, la boîte à formatage, autiste, à se boucher les oreilles, à voir et entendre ce cirque je dis bravo à mon collègue qui a vaillamment lutté : « comment fait elle cette dame, elle qui n’a rien, pas de vêtement, pas de quoi se laver, comment fait elle pour se montrer digne, et propre, tous les jours ? Alors que vous, vous écoutez son viol en présence de son enfant, et vous dites qu’il n’est pas en danger ?? Vous….vous la déshumanisez ! »
La conclusion de cet entretien : « c’est le problème de l’assistante sociale qui réglera tout ça demain » (le 25 juillet) ; tchao ! Mme Raynard a beaucoup ri lorsque nous sommes partis.
Evidemment que c’est l’AS qui va tout régler : je rêve !! C’est n’importe quoi.
Le 25 Juillet, centre socio culturel de Beaulieu : L’assistante sociale nous reçoit et trouve ‘très intéressant cette éducatrice ancienne polyvalence, ASE, AEMO qui accompagne cette dame’ ; « bonjour Mme M, que puis je faire pour vous ? »
Mme M raconte encore et encore la rue, le viol…. (A la question « et la communauté ne peut rien ? » Mme M s’est justement fait violée par un homme qui disait l’emmener chez une Africaine). Mme M a peur qu’on la prenne pour une folle ; a peur qu’on ne la croie pas. J’explique à Mme M que je la crois, que c’est le système qui rend fou.
J’explique à l’assistante sociale que c’est elle ‘qui doit tout gérer’, ‘dixit l’ASE’, et je répète la ‘non notion de danger’, je répète ce que j’ai moi-même entendu dans le couloir de l’ASE quand Mme Raynard est allée voir Mme M : « vous percevez les 250 euros d’allocations et c’est l’assistante sociale qui s’en occupe, et ce n’est pas la peine de revenir ici, je ne peux rien pour vous, je ne veux plus vous voir ».C’est pas violent ça ? c’est pas maltraitant ? L’AS n’en revient pas, reste bouche bée.
Après plusieurs coups de fils, 115, EMMAUS (où les gens dorment dans le couloir), la Ferme de l’Espoir, rien….. Elle nous dira : « voila à quoi on en est rendu, à faire les grattes papiers, à peine à aider les gens. » Mme M repart avec son bon nourriture et son bon vêtement « c’est tout ce que je peux faire ; le dispositif hébergement diminue de plus en plus, et le problème du logement peut provoquer des problèmes éducatifs » ; au moins une qui a compris. …..Pour les 250 euros ce n’est pas pour tout de suite, et Mme M qui ne sait pas lire le français n’est pas allée chercher son courrier à la Croix Rouge, pour elle à quoi cela sert il d’y aller car elle ne comprend pas…nous supposons donc que Mme M n’a peut être pas perçu ses allocations…Nous apprendrons que la Croix Rouge n’a pas son courrier car non domiciliée ici : ses papiers prouvent le contraire, le délire continue ! Pas de dossier. Où est –il ?
J’alerte sur les réseaux sociaux, l’ONES, les éducateurs qui travaillent en protection de l’enfance sur d’autres départements trouvent ‘que ça craint’ que ‘c’est grave’ ; Trouvez-vous cela grave ?? Mme M ayant oublié des documents à l’hôpital je recontacte l’assistance sociale du service pédiatrique où a été placé l’enfant durant l’hospitalisation (suite au viol) : là aussi mon interlocutrice est dépitée.
Pouvez-vous nous dire ce qu’il faut faire ? Qui interpeller ? Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un danger ? Avéré ? Ou une situation préoccupante ? Pourquoi le directeur 115 et SIAO bloque ? Ne respecte pas la loi ? Pourquoi l’ASE ne respecte pas la loi ? Pourquoi Mme Raynard suppose faire une enquête si cette dame est prise en charge (dans cette éventualité) : Quid des enquêtes sur les services de l’Etat ??? Quid de cet enfant de 21 mois à la rue, qui se cramponne à sa mère tout le temps, trimbalé de tous côtés, a encore le sourire, est agité, hurle, qui n’a pas de figure autre qu’elle, pas de jouet ? Que faisons-nous là, que fabriquons-nous ? Et si c’était votre enfant ? (voila comment cette dernière question aide à évaluer un danger)…..Nous ne savons pas ce que va devenir Mme M et son enfant, nous ne savons pas qui est le garant de la protection de cet enfant, de son intérêt. Ces lois existent –elles encore aujourd’hui ? Quelle est notre responsabilité morale, civile et pénale, ce que ne veut ou peut entendre l’ASE ?
Le 30 juillet nous accompagnons Mme M à la préfecture, il fallait ‘un interprète’, je fais donc mon premier dossier de demande d’asile ; accueil cordial, « nous sommes humains vous savez, nous avons un cœur ». Mme M raconte son périple au travers de l’Afrique, puis son arrivée au Maroc, « et vous êtes arrivés en bateau hein en Espagne ? », « non, on nous a jetés de la barque, les passeurs, ils nous ont dit (de) nager », l’agent est perplexe, « et votre fils s’en est sorti ??? » Mme M ne sait pas expliquer comment « elle » s’en est sortie, mais oui, son fils a été porté par un homme (et il n’a pas été assommé : pour que les enfants ne pleurent pas on les assomme), son fils est vivant et elle aussi : même ça il faut le justifier. Relevés d’empreintes : après deux essais ils sont non exploitables. Phrase du jour à mon intention quand je parle de l’enfant et de ma peur: « oh vous savez, un centre de rétention ce n’est pas une prison ».
Rendez vous à l’OFII : Nous apprenons que depuis vendredi une place est libre à Angoulême pour Mme M, merveilleux !!! Mais personne n’a pu la joindre car sa messagerie était pleine ; le DAL et moi-même n’avons pu la contacter pour notre déplacement de cette matinée ; pourquoi Mr Duprez n’a-t-il pas appelé le DAL, pourquoi personne n’est il venu au squat ? L’OFII s’occupe de la prise en charge train pour mercredi matin (le 31-07), l’OFII ne veut pas venir voir le squat « sale » que Mme M s’astreint à tenir propre, « je sais ce que vivent les gens je n’ai pas besoin d’aller là-bas pour voir », non, vous ne savez pas. Mme M ne doit plus utiliser de javel….. « Ne faites plus le ménage » : on la suspecte de l’avoir fait exprès car elle a des engelures aux doigts et donc c’est pour cela que ses empreintes ne peuvent être scannées. Cela me fatigue, à un point… Quel peut être le degré de lassitude, de fatigue, et d’insécurité de Mme M ??? Je me questionne et j’ai peur : quand va t- elle s’effondrer et que va-t-il se passer à ce moment là ? Là aussi tout ce qui est dit est le contraire annoncé en Préfecture, tout est différent. Est –ce fait exprès ?
Mme M nous dira regretter de nous quitter, son fils s’est vraiment entiché d’un de nos collègue, c’est dur….Nous nous reverrons en septembre pour retourner à la préfecture, j’annule les rendez vous : PMI, crèche, toit du monde, assistante sociale, et ne sais quoi dire face à ses questions : « qu’est ce que je vais faire ? Qui sera là ? Est ce que ma carte de bus peut servir là bas ? C’est où Angoulême ?» Je réponds juste, la gorge sèche: « Vous allez vous reposer ».
—————————————————————————————————————–Mercredi 31 juillet : Nous sommes trois bénévoles du DAL à accompagner Mme M à la gare ; à son arrivée elle me raconte ce qui s’est passé la veille à 23H30 ; elle a reçu un coup de téléphone anonyme (me montre son portable) et me dit qu’une personne lui a dit « de ne pas revenir ici à Poitiers » qu’elle est « en danger ici sans papiers, sous circulaire Dublin, qu’elle fréquente des gens ennemis de l’Etat et vous vous liez à ces gens que vous ne connaissez pas…On peut vous expulser », que ‘nous’ sommes de « mauvaises personnes » ; Mme M dit que « non, elle ne repartira pas, elle a son frère ici, des amis, et ‘onl’aide’ ‘on est de bonnes personnes car elle est a la rue, ils me guident, m’ont accueillie j’étais dans la rue avec mon fils’. On la menace****, on lui fait peur, mon collègue filme son témoignage ; je ne sais pas si je suis sur écoute téléphonique, ou si mon ordinateur est piraté, je ne sais pas si l’OFII a téléphoné aux RG, en tous les cas Mme M est capable de dire ‘ils ont dit que tout avait été enregistré au directeur’, oui c’est vrai (115)….et je l’ai dit et répété la veille, excédée à l’OFII, car personne ici n’en n’ a rien à faire d’une femme à la rue avec son enfant. Moi aussi mon interlocutrice Mme Gratien ne voulait pas me croire ‘ce n’était pas possible’, puis : ‘nous avons signalé’.
LeDAL instrumentalise les gens ? Le DAL est mauvais ? Est ce le DAL qui encourage la déportation (l’injonction paradoxale étant : c’est pour son bien à cette dame, un logement et le train payé par l’Etat), et la sélection naturelle renforcée ? Est ce le DAL qui dit et répète : « dégagez ! » « Allez voir ailleurs car dans la rue, vous n’êtes pas en danger » ?….
Mme M monte dans le train : elle est reçue à Angoulême par une assistante sociale du 115 ; nous nous contactons quelques heures après car je ne comprenais pas : l’adresse donnée par l’OFII ne correspondait pas aux informations des pages jaunes. L’AS souhaite cet échange car elle aussi ne comprend pas : pas de plainte pour le viol ? Que s’est- il passé ? Car Mme M va mal, parle de suicide, pleure, a peur, n’en peut plus ‘elle est a bout, elle dit qu’elle avait des amis, c’est vous ?’ ; Et je raconte ce qui se passe depuis une semaine, les entretiens où Mme M répète son viol, inlassablement, encore et encore, (je me rends compte qu’elle n’existe que dans ce récit là), cette violence de la rue, dans le désert, (elle marche depuis 2008, confrontée aux passeurs et aux rebelles), dit comment elle est toujours en vie, comment elle veut être propre, comment nous entretenons la décadence en la mettant dans un endroit sale, insupportable pour elle, son errance, son déracinement, la folie des Institutions, aucune accroche affective, rien. Son enfant est de plus en plus agité, et ma peur se confirme. Décompensation, dépression, panique, comment tenir le coup ? Elle aussi est humaine. Et moi de repenser aux récits de survie de mon grand père et de son cousin pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Le bébé que l’on noie pour ne pas se faire ‘repérer’ car ‘si y’a du bruit, on y passe tous’. Et je dis à la professionnelle ‘vous voyez ? qu’elle a dû expliquer hier que son fils n’est pas mort dans l’eau’.
J’écris ce récit pour faire la différence. Transmettre. Nommer ce qu’il se passe.
L’assistante sociale dit que Mme M ne sera pas seule, qu’une équipe pluridisciplinaire est là, ‘qu’on va l’accompagner’ ‘je vais vous rassurer aussi’. Merci, il y a encore des choses qui fonctionnent. Et quand le lien se fera, Mme M repartira.
Céline EPAIN
Code de l’action sociale et des familles :
*http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=7A30008279280233A9F66AEA2931E02B.tpdjo16v_2?idSectionTA=LEGISCTA000006157552&cidTexte=LEGITEXT0000060
74069&dateTexte=2013072
Code civil :
**http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006426776
Loi SIAO
***http://www.poitou-charentes.drjscs.gouv.fr/Le-Plan-Departemental-Accueil.html
**** http://youtu.be/IhWwtQ-sBn4 menaces et intimidations, vidéo 31 07 2013
Missions du conseil général : ASE
http://www.cg86.fr/139-l-enfance.htm
Hannah Arendt : Responsabilité et jugement (2) // Eichmann à Jérusalem (1) Edition FOLIO histoire
Comme l’écrit Irving Howe, un contemporain et fervent critique d’Arendt, dans son autobiographie « Une Marge d’espoir » (1982) à propos de « la controverse » : (1)
« Les questions soulevées par Hannah Arendt n’ont nulle part été l’objet d’une si intense préoccupation. Si le livre avait été uniquement aux mains du reste du monde intellectuel ou universitaire des Etats-Unis, il eût été salué pour son caractère “stimulant” et tout le monde se serait rendormi. Nous étions dans nos états et manquions de mesure, mais au moins nous n’étions pas indifférents. »
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