Lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape à Mme Duflot

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6 rue d’Oléron
86000 POITIERS

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86000 Poitiers
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Madame la ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement
72, rue de Varenne
75007 Paris

Poitiers, le 3 mai 2013

 

Madame la ministre,

Le 2 avril dernier, deux familles, sept personnes dont trois enfants de un à cinq ans et une femme enceinte, étant à la rue donc en état de nécessité voire en danger, sont entrées par la porte ouverte de l’ex-foyer l’Etape au 6 rue d’Oléron à Poitiers. Un immeuble de plus de 1000 m², vacant depuis un an et demi appartenant à la municipalité. Dimanche 7 avril, trois autres familles et une personne seule soit onze autres personnes dont cinq enfants de deux à treize ans et une femme enceinte, sont venus les rejoindre. Depuis sont arrivés trois autres familles et trois hommes seuls, soit treize personnes dont six enfants de deux à quinze ans et une femme enceinte.

Aujourd’hui, huit familles et quatre hommes seuls, soit 31 personnes dont 14 enfants et 3 femmes enceintes habitent sur place. Et vu l’état déplorable de l’hébergement d’urgence et l’incurie du SIAO, il ne serait pas étonnant que d’autres familles et personnes seules viennent nous rejoindre dans les prochains jours.

Le maire et les élus aux divers postes de responsabilités sociales ne se sont pas déplacés dans ce squat pour prendre toute la mesure du problème et trouver rapidement une solution. Au lieu de cela, lundi 15 avril à 17h10, les huissiers sont passés accompagnés de la police et mercredi 24 avril, les assignations au tribunal d’instance sont arrivées. Signe de la précipitation de la municipalité et de sa volonté de se se débarrasser du problème sans le régler, les assignations comportent une convocation à une date fantaisiste : mardi 3 mai 2013 à 9h. Cinq personnes sont assignées simplement parce qu’elles sont entrées illégalement. L’urgence de la procédure est motivée par le fait qu’il y a un projet de vente « très avancé » qui serait contrarié par cette occupation illicite. Enfin, dernière raison, il y aurait un « risque important sur la sécurité des occupants ».

Nous sommes scandalisés. Alors que le gouvernement socialiste par votre entremise, montre sa volonté de régler rapidement et durablement les problèmes de logement y compris en évoquant les réquisitions, la représentante de l’Etat socialiste ici, la préfecture, non seulement ne prend pas en charge les sans abri et mal logés qui le nécessitent mais travaille à en fabriquer des nouveaux, et la Ville de Poitiers dirigée par un maire socialiste, déniant qu’il y ait des problèmes de logement, non seulement ne réquisitionne pas des logements vacants, non seulement ne met pas à disposition de la préfecture des logements et des locaux qui pourraient servir immédiatement à l’hébergement d’urgence, non seulement a vendu ces précieux locaux à un architecte privé pour un projet très aléatoire, mais la Ville de Poitiers, utilisant des prétextes fallacieux, traîne au tribunal pour les faire expulser pour « trouble manifestement illicite » des familles et des personnes qui n’ont fait que se mettre à l’abri pour se protéger et mettre en sécurité leurs enfants. La Ville de Poitiers veut les faire expulser en urgence, rappelons-le de locaux publics vacants depuis un an et demi et pas vendu avant le 30 novembre 2013 !

N’est-ce pas plutôt la misère et le fait d’être sans abri, qui plus est avec des enfants dont certains ont à peine un an et des femmes enceintes, qui est « un trouble manifestement illicite qu’il convient de faire cesser de toute urgence » ? Rappelons que ces locaux, crées spécialement pour accueillir des familles, sont vacants depuis un an et demi et en train de se dégrader. Le « trouble manifestement illicite qu’il convient de faire cesser de toute urgence » est bien la violation systématique des droits humains fondamentaux par les autorités, et en particulier la préfecture, et non pas l’occupation même illicite de ces locaux qui sont voués à être vendus et qui resteront vacants jusqu’au moins le 30 novembre 2013 puisque l’acquéreur, qui veut réhabiliter tout l’intérieur, a mis comme condition dans le compromis de vente de trouver la moitié de ses acquéreurs (8 sur 16) d’ici là. Ce qui, vu la crise, ne semble pas vraiment gagné.

Les habitants du lieu souhaitant rester dans ces locaux encore municipaux jusqu’à leur relogement dans des conditions dignes et pérennes, trouvent que cette procédure judiciaire, qui risque de durer plusieurs mois et qui aboutira de toute façon si la loi est respectée à leur relogement, est bien inutile et prend la place de solutions plus simples et rapides.

Aussi, devant l’impasse provoquée par la municipalité et le (non) traitement de ce dossier qui va à l’encontre des lois mêmes et des directives gouvernementales, les habitants du lieu et le DAL86 sont prêts à vous y accueillir pour échanger avec vous et vous présenter leur situation difficile et la situation problématique du logement à Poitiers et dans la Vienne. Si toutefois vous ne pouviez pas vous déplacer à Poitiers serait-il possible que vous interveniez auprès de la municipalité pour qu’elle annule cette procédure d’expulsion et qu’elle se préoccupe enfin, avec la préfète, du sort des familles et personnes sans logis présentes dans le squat l’Etape mais aussi celles de Poitiers et de la Vienne.

Dans cette attente, nous vous prions de croire, Madame la ministre en l’assurance de notre considération respectueuse.

 

Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape

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