A Poitiers, les autorités ont pris depuis des années des mauvaises habitudes concernant le logement : elles dénient carrément qu’il y ait des problèmes. Mais peut-on vraiment penser que Poitiers fasse exception à la règle ? D’après la Fondation Abbé Pierre, il y aurait en 2012 en France plus de 3 600 000 mal logés. Ce qui, ramené à la population poitevine, ferait qu’il y aurait plus de 5000 personnes mal logées à Poitiers VOIR
Aujourd’hui que le Dal86 existe et que des sans logis et mal logés ont osé relever la tête et ont porté le débat sur la place publique, les autorités bidonnent, enfument et mentent pour occulter les problèmes de logement à Poitiers. Leurs déclarations exhaustives sont SUR
L’expulsion brutale du campement de sans logis et mal logés qui a été mis en place le 30 mars dernier sur le parvis de Notre Dame est une suite de cette même politique. Comme la municipalité fait comme s’il n’y avait pas de problèmes de logement, elle fait comme si les marcheurs Indignés avaient une autorisation de camper, et qu’ils avaient été « accueillis par des élus et des services sociaux de la ville » c’est-à-dire comme s’il y avait eu des négociations entre eux et la municipalité. Elle fait aussi comme si les sans logis avaient profité de l’occasion pour rester sur place pour faire croire qu’il y a des problèmes de logement et d’hébergement sur Poitiers.
Ce ne sont que de purs mensonges. Nous pouvons témoigner que le campement marcheurs Indignés – sans logis et mal logés était projeté de longue date et annoncé sur le site du DAL86 et de Démocratie réelle maintenant dès le 22 mars1. Que les autorités n’ont rien négocié, ni avec les Indignés, ni avec Démocratie réelle maintenant, ni avec le Dal86, ni même et surtout avec le Collectif des sans logis et mal logés créé sur le campement. Tout au plus Michel Berthier est passé plusieurs fois sur le campement, et ce seulement en observateur, et Mathias Aggoun a aidé à pousser la caravane des marcheurs qui était coincée place Charles VII. Rien donc n’a été négocié. Rien donc non plus ne peut justifier la demande d’expulsion du campement par le maire le 2 avril au matin. Car quel trouble à l’ordre public était provoqué par ce campement revendicatif et pacifique ? Aucun. A moins que ce soit ce que déclare sans rire Michel Berthier dans le journal de France 3 Poitou Charentes de 19h lundi 2 avril 2012 : « ce groupe [de SDF qui sont restés après le départ des indignés] a un petit peu perturbé l’espace public » ? La mairie de Poitiers n’avait aucune raison de demander l’évacuation de ce campement par la police.
La municipalité, dont l’adjoint à la cohésion sociale de la municipalité est passé tous les jours sur le campement, ne s’est pas donnée la peine de venir se préoccuper des besoins et des revendications des campeurs (indignés et sans logis et mal logés) et de négocier le cas échéant avec eux. Plus précisément la municipalité PS est intervenue à la place de l’Etat puisque l’hébergement d’urgence et social est placé sous l’autorité de ce dernier. Et donc elle a couvert les manquements de l’Etat UMP de l’époque. C’est incompréhensible pour nous. A moins que ce soit que, sur Poitiers comme ailleurs, non seulement les policiers vont couvrir leurs brutalités par des outrages et rébellions voire par de la résistance active ou violente, récoltant au passage des dommages et intérêts substantiels, mais faire intervenir la police est clairement traîner au tribunal des personnes ciblées par elle. C’est déjà ce qui est arrivé lors de l’occupation du 144 avenue de Nantes le 5 novembre dernier : plainte de la mairie qui conduit à ce que la police « fasse son marché » parmi les 47 gardés à vue et traîne les 5 les plus ciblés au tribunal. Ils ont été toutefois relaxés puisque des policiers ne s’étaient pas portés partie civile.
De la même façon en ce 2 avril, le maire de Poitiers demande l’évacuation et les policiers ont pu encore « faire leur marché ». Beaucoup de zèle et de violence pour détruire cette cabane symbolique en bois, arracher les toiles de tentes, les couvertures, les ustensiles de cuisine, les affaires personnelles, brutaliser des sans logis et mal logés qui résistaient passivement en étant assis par terre et interpeller des personnes ciblées en soutenant qu’elles auraient été violentes… Or nous avons des documents vidéo qui montent des campeurs non violents, dont au moins deux parmi les plus ciblés ont été arrêtés après coup.
Le premier marchait tranquillement sur le parvis de Notre Dame quand le commissaire Papineau est venu demander à un militant du Dal d’arrêter de filmer la scène et contrôler ses papiers. Comme il n’obtempérait pas assez vite le DDSP a attrapé le portable, l’a fermé et l’a mis dans la poche du militant. Le téléphone a toutefois continué à enregistrer et on entend le commissaire dire : « vous me tapez P. là-bas, ramassez-le là, parce qu’il est manifestement alcoolisé, hop IPM (Ivresse Publique Manifeste)… ». Le militant bien connu s’est retrouvé au poste et, puisque les policiers ont pu constater qu’il n’avait pas un gramme d’alcool dans le sang (tout le monde sait qu’il ne boit pas…), en fait d’IPM on lui a collé « résistance violente en réunion ».
Le second était mandaté par le Collectif des sans logis et mal logés pour faire le lien avec l’avocate et le DAL86. Par deux fois il est allé voir l’avocate pour prévenir que des personnes avaient été interpellées et c’est à la fin de l’évacuation, lorsqu’il est revenu sur le campement détruit et qu’il filmait l’arrestation de la personne précédente, qu’il a été arrêté et mis en garde à vue.
Après, c’est réglé comme du papier à musique. Le Comité Poitevin contre la répression des mouvements sociaux l’a maintes et maintes fois constaté dans le passé. Du fait que des policiers disent avoir subi des violences, le parquet se prête à cette parodie de justice en traînant au tribunal les militants ciblés et le juge, vraisemblablement choisi exprès, les condamne, en l’occurrence ici à des peines supérieures. Rappelons que les dommages et intérêts pour les policiers sont un véritable racket. Comme l’a très bien analysé le Comité Poitevin contre la répression des mouvements sociaux : « La dernière Fête de la musique à Poitiers a ainsi été l’occasion pour certains policiers d’obtenir des dommages et intérêts conséquents, et d’arrondir leurs fins de mois. M. Papineau n’ayant pas été du lot, il s’est rattrapé avec le procès d’Amandine et avec ce dernier procès en appel. À cette occasion, la justice a bien confirmé aussi le racket de la police envers les jeunes militants ciblés. » VOIR
DAL86 exige que ces poursuites soient abandonnées, que les personnes poursuivies soient relaxées, et que soit mis fin à cet acharnement policier et judiciaire contre les sans logis et les militants du DAL.
DAL86 exige d’autre part la nomination d’un juge d’instruction pour enquêter sur ce qui ressemble à s’y méprendre à de “faux témoignages de fonctionnaires assermentés dans l’exercice de leurs fonctions, organisés en réunion”
DAL86 – dal86@free.fr – 06 5293 54 44 / 05 49 88 94 56
1« A l’occasion de l’étape de la marche de Bayonne, avec des personnes sans abri et le Droit Au Logement 86, nous commencerons un campement qui aura pour but de mettre la question du logement au centre de la réflexion politique. Sans trop anticiper sur les réflexions que nous mènerons collectivement, nous pouvons déjà préciser que Poitiers est une ville dans laquelle il y a de nombreux logements vacants mais aussi où les loyers sont chers et ne baissent pas et où il y a des personnes sans abri ou habitant des logements indignes. Cherchez l’erreur ! » VOIR
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