Le Comité des sans logis et mal logés de Poitiers et le DAL86 ont décidé de réquisitionner une grande maison bourgeoise laissée à l’abandon depuis plus de 15 ans au 11 Rue Jean Jaurès à Poitiers.
En effet, lors de l’étape de la marche des Indignés Bayonne – Paris, nous avons mis en place un campement de sans logis et mal logés à Poitiers, place du marché à partir du 30 mars dernier. A partir du 2 avril au matin nous avons subi des expulsions et évacuations répétées et brutales et une répression féroce et continue. Bien qu’à la fin nous étions sans tentes et sans couvertures, le campement a duré trois semaines, jusqu’à la réquisition de cette maison.
Tout cela a été amplifié par le fait que, malgré les dénégations de la municipalité et des autres autorités, les problèmes d’hébergement et de logement persistent sur Poitiers. Le 115 est complet tous les soirs et refuse jusqu’à 15 personnes. Les CHRS sont complets et ont une liste d’attente (8 jours d’attente pour accéder au foyer Carrefour). La mairie, estime qu’il y a dix personnes vivant dans la rue en ce moment à Poitiers. Non seulement il y a des problèmes de logement sur Poitiers mais les services sociaux sont utilisés pour dissuader les gens de faire respecter leurs droits. Car le fait que le 115 soit complet et qu’il y ait une liste d’attente pour les CHRS, à quoi nous pouvons rajouter le fait que, ni au 115 ni dans les CHRS, les chiens ne soient admis dans les chambres ou avec leurs maîtres et que l’accompagnement social soit utilisé à des fins de contrôle social, tout cela a un effet dissuasif sur ceux qui pourraient en bénéficier. Ils n’appellent plus, ne font plus les démarches ou partent sous d’autres cieux. Cette pénurie artificielle en matière d’hébergement et de logement constitue aussi de fait un moyen de pression contre les mal-logés et sans-logis et renforce le pouvoir arbitraire exercé contre eux. Le logement social n’est pas en reste. Il y aurait un accès à double vitesse : l’un pour ceux qui ont les garanties et qui sont servis immédiatement et ceux qui ne les ont pas et qui n’obtiennent pas de logement. Certes, il n’y a pas de pénurie de logements. Selon les chiffres de l’INSEE 2008 il y a 4122 logements vacants à Poitiers (Combien y en a-t-il aujourd’hui suite à la crise de 2008?). Il y a toutefois de vrais problèmes d’ACCES au logement.
C’est pourquoi la réquisition de cette maison – que nous avons nommée Dédale – depuis le 5 avril dernier nous semble nécessaire afin d’accueillir toutes celles et ceux qui se retrouvent dans ces situations révoltantes.
Le but est de faire de cette grande maison un lieu d’accueil, de logement et d’hébergement autogéré pour des sans-abris et mal-logés et pour tous ceux qui le souhaiteraient. Cet endroit est également un lieu d’échange, d’information – en particulier sur le logement – et de dialogue.
Les habitants du Dédale ont besoin de produits de première nécessité (nourriture, bouteilles d’eau, produits de toilette…), de bidons pour stoker l’eau potable et pour récupérer l’eau de pluie. De meubles (lits, matelas, armoires étagères…). De produits et ustensiles de cuisine et d’entretien, d’outils, de matériel, de produits de fabrication et réparation, cire, paille de fer, javel, bois, fer, pots de peinture, sac de plâtre et de ciment, sable, mélange béton, grandes bâches pour étanchéifier le toit … (les ustensiles, machines et outils peuvent bien sûr nous être seulement prêtés)
UN TOIT C’EST UN DROIT !
DROIT AU LOGEMENT POUR TOUS !
Comité des sans logis et mal logés de Poitiers ; DAL86 – Tél : 06 52 93 54 44
Squat Jean-Jaurès : une demeure en panne de rénovation NR 26/04/2012
Poitiers. Une toiture en mauvais état, des intérieurs à restaurer. Avant d’être squatté, l’immeuble du 11, rue Jean-Jaurès, attendait une hypothétique réhabilitation.
Squat Jean-Jaurès : une demeure en panne de rénovation
J‘avais des projets que j’ai mis en sommeil depuis 2008 pour des raisons financières liées à la crise, indique Annie Vignes, agent immobilier, propriétaire de l’immeuble du 11, rue Jean-Jaurès. Depuis la semaine dernière son bâtiment est squatté. Une action qui l’a totalement prise de court. « Il y a quelques heures encore, j’ignorais tout des méthodes conduites par certains pour investir des locaux inoccupés et s’y installer comme s’ils étaient chez eux. »
« Des moyens difficiles à réunir »
Inoccupé, le 11, rue Jean-Jaurès, à l’angle de la rue Arsène-Orillard, l’est depuis de longues années. Ses façades restent noircies par la pollution à la différence de l’immeuble voisin qui a bénéficié il y a bientôt dix ans d’une totale remise à neuf. Plus sérieux : sa toiture laisse passer des infiltrations d’eau et l’intérieur se dégrade. Le bâtiment de deux niveaux (sans compter l’étage sous les toits) ne bénéficie d’aucun classement, mais comporte des éléments remarquables : rampes d’escaliers, cheminées, stucs, moulures… identifiés dans le cadre de l’extension du secteur sauvegardé appelé à recouvrir tout le Plateau. Mme Vignes : « C’est un très bel immeuble, sain et entièrement exploitable. Mais sa remise en état nécessiterait une somme de travaux et des moyens financiers actuellement difficiles à réunir. » La propriétaire indique avoir rencontré les services d’urbanisme de Grand Poitiers avec lesquels elle travaille « en parfaite entente. » Mais sans qu’aucun projet n’aboutisse. C’était jusqu’à ce qu’un groupe de squatters se revendiquant de l’association Droit au Logement investisse les lieux. La propriétaire : « J’espère qu’ils sauront respecter les lieux. En tout cas, s’ils veulent être entendus, je leur demande de ne pas dégrader le bien qu’ils occupent. Ils sont entrés illégalement. Je n’ai rien contre eux, mais ils doivent partir. Avant d’engager une action en justice, je veux bien essayer de discuter. Sans pour autant entrer dans leurs revendications. » En cas d’échec des discussions, la propriétaire de l’immeuble se résoudra à saisir la justice pour demander le départ des squatters. « S’ils recherchent des logements, je ne suis pas la personne compétente. »
à suivre
» Il y a des logements pour accueillir les personnes en difficulté «
« Je ne comprends pas cette attitude qui vise à nous mettre en difficulté sur les questions de logement, indique Michel Berthier, adjoint au maire en charge de la cohésion sociale. Contrairement à ce que dit le DAL (Droit au Logement), nous avons à Poitiers suffisamment de logements pour accueillir les personnes en difficulté. Je ne veux pas dresser un tableau idyllique car la période que nous connaissons n’est pas facile. Mais Poitiers n’est pas la région parisienne. Avec les éducateurs de rues, le Relais Georges-Charbonnier, l’Entraide sociale poitevine, la Croix Rouge… nous sommes à même de répondre à la demande. Et nous avons mis en place des parcours résidentiels de manière à accompagner ceux qui ont besoin d’un logement. Ils ne sont pas livrés à eux-mêmes, mais véritablement aidés dans toutes les démarches de la vie quotidienne. L’Entraide sociale poitevine, par exemple, octroie 60 % de son budget à l’accompagnement des personnes suivies dans un parcours résidentiel. »
L’adjoint au maire regrette que le DAL milite pour des logements autonomes. « Il pourrait finir par convaincre certaines personnes que nous accompagnons. Cela nous met en difficulté. » L’adjoint au maire a, par ailleurs, rencontré des voisins du squat, inquiets pour leur tranquillité.
Jean-Jacques Boissonneau
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