Toulouse : Après la rue, ils mènent la vie au château. La Dépêche 21-03-12

Le nom était tout trouvé : « le château » comme l'indique la pancarte rouge sur la grille/. Photo DDM. N.S-A

Le nom était tout trouvé : « le château » comme l’indique la pancarte rouge sur la grille/. Photo DDM. N.S-A

Depuis le 13 mars une quinzaine de sans-abri vivent dans le château des Vitarelles, propriété de la ville. Leur vie s’est organisée, avec le soutien de militants et de voisins compréhensifs.

Vestige d’une époque lointaine où Lardenne était une destination de villégiature pour les riches Toulousains qui allaient y prendre l’air dans leurs maisons de campagne, le château des Vitarelles trône au-dessus de la rocade. Cet édifice anachronique, exposé au bruit et à la circulation, a longtemps servi de logement de fonction pour la directrice de la maison de retraite voisine, avant d’être déserté. Rien n’y bougeait jamais jusqu’à ce mardi 13 mars où les fenêtres et les portes se sont ouvertes, des gens sont apparus dans le jardin, des pancartes ont été accrochées aux grilles. Depuis dix jours, une quinzaine de personnes sans logement occupent cet édifice, propriété de la ville de Toulouse. Tarak, Sophie, Aldo, Pom et les autres habitants du château, soutenus par des militants du droit au logement se sont constitués en collectif « Action de rue ». « Notre groupe s’est plus ou moins formé lors de l’occupation du gymnase du Mirail et de l’immeuble de bureaux Monné Decroix, à la fin de la trêve hivernale, mais on est tous passés par le centre d’hébergement du Grand Ramier. Tant que ce sera nécessaire, on réquisitionnera des lieux pour loger des sans-abri », dit Tarak. Avec Sophie, sa compagne, le jeune homme occupe une chambre du rez-de-chaussée. Un autre couple a la sienne au premier et deux dortoirs ont été aménagés sous les combles pour les célibataires. « On est au complet. On ne peut plus loger personne, car la place est limitée mais notre porte est ouverte pour ceux qui veulent nous rencontrer ou discuter. Les voisins sont sympas avec nous. Tous les soirs une boulangerie nous porte du pain. On n’a pas de gaz mais on a l’eau et l’électricité ». Le groupe s’est installé pour durer. Chacun doit respecter le règlement : pas d’alcool, pas de drogue, pas de bagarres… « Nous avons le projet de faire de ce château un lieu de vie et de résidence, avec des ateliers ouverts à tous. Nous allons le nettoyer et le retaper » annonce Tarak qui espère convaincre la mairie de signer un bail précaire. Hier à midi tout le monde était attablé autour d’un riz au curry. Dans la salle à manger, l’ambiance était familiale. Comme partout les conversations tournaient autour de l’assassin en scooter.


C. Touchefeu : « pas d’expulsion manu militari »

Claude Touchefeu a rencontré les occupants du château des Vitarelles à deux reprises. L’adjointe au maire chargée de la solidarité s’est une première fois rendue sur place à Lardenne. Elle a également reçu certains membres du collectif « Action de rue » à la mairie. « Il y avait neuf personnes installées. J’ai constaté que le dialogue était possible et que les conditions de bon voisinage étaient réunies. Je les connais, dit l’élue, ce sont les mêmes qui avaient occupé le gymnase du Mirail et que nous avions dû faire évacuer car nous avions besoin de récupérer le lieu. Le château des Vitarelles c’est un peu différent. Cet édifice était inoccupé, il servait d’annexe à la maison de retraite pour y entreposer du matériel. Cette fois-ci, on a le temps de la discussion. Je vais réunir le conseil d’administration du CCAS (conseil communal d’action sociale N.D.L.R.) qui gère ce château pour lancer une procédure d’expulsion. Cela ne se fera pas manu militari ». Les occupants du Château ont expliqué leur projet d’ateliers. Sur ce point, l’élue avance avec prudence qu’il y a « d’autres pistes d’utilisation pour cette maison, ancien logement de fonction de la directrice de la maison de retraite qui ne servait plus qu’à entreposer du matériel. L’édifice est très exposé au bruit ».

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