Imaginez vous êtes en urgence médicale, vous faites le 15, le SAMU vous répond qu’il n’y a personne pour vous secourir et que vous n’aurez pas d’hébergement. Ce serait l’horreur, non… ! C’est pourtant ce qui se passe tous les jours avec le SAMU social. En urgence sociale… le plus souvent à la rue, vous faites le 115 et là « on » vous répond une fois sur deux, qu’il n’y a pas de place pour vous au CHUS (Centre d’Hébergement d’Urgence Sociale) et de retéléphoner ultérieurement.
C’est scandaleux ! De qui se moque-t-on ? Alors que l’année n’est pas finie, il y a déjà au 27 novembre (330ème jour), 410 personnes mortes dans la rue, jusqu’à quand l’Etat, les préfectures et les mairies vont-ils nous faire croire que c’est une fatalité ?
L’accueil inconditionnel à Poitiers comme ailleurs, n’est pas assuré à cause du manque de places – des personnes seules et des familles se retrouvent régulièrement à la rue. Si les femmes et les enfants sont à peu près toujours accueillis, les hommes « tournent » c’est-à-dire ne sont hébergés qu’une nuit sur deux ou trois voire qu’une nuit par semaine, hiver comme été.
Et lorsque vous avez la chance d’être hébergé au CHUS, vous subissez un régime abrutissant… Malgré la loi qui prévoit un « accueil digne », les locaux du CHUS sont vétustes, on vous impose une vie en dortoirs séparée, les hommes d’un coté , les femmes et les enfants d’un autre. Malgré la loi qui prévoit un accueil continu, les personnes et les familles doivent sortir à 10h30 le matin et ne pas y revenir avant 16h15 et pas après 21h. Et le règlement est draconien, il n’est pas rare d’être puni à rester à la rue ou à faire des réparations.
Malgré la loi qui, outre le gîte et l’hygiène, prévoit le couvert, il n’y a pas de repas servis le soir ni a fortiori le midi et les résidents ont interdiction de se faire à manger même pour leur petits enfants et de laver leur linge.
Malgré la loi qui prévoit une première orientation « vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui apporter l’aide justifiée par son état », un accompagnement personnalisé et une seconde orientation « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation » les personnes et les familles sont livrés à elles-mêmes et il est certain que des familles subissent ces mauvais traitements durant deux longues années, voire trois ans.
Le CHUS est-il digne de sa fonction ? Son indignité et ses carences s’ajoutent à l’expulsion des squats, à l’impuissance du SIAO, au défaussement du social sur le caritatif, mais aussi à la violation des droits élémentaires des personnes, aux discriminations, aux procédures administratives ubuesques, à la mauvaise volonté de la préfecture et au « dysfonctionnements » de ses services, et, pour être sûr de son succès l’appareil d’Etat organise la répression, le torpillage des associations de soutien et d’accompagnement, la désactivation des services sociaux… participe à l’entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables. Le but des autorités (préfecture-mairie-conseil général) étant de ne pas faire un fantasmatique appel d’air et de passer la patate chaude.
Le maire de Poitiers l’a clairement expliqué lors du petit déjeuner avec les associations du 4 mars 2011 : interpellé par Resf86 sur la question de l’hébergement des migrants de manière plus générale « le maire est satisfait de son bilan : Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’Etat dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes ». VOIR Et l’ex secrétaire général – préfet de la Vienne M. Setbon explique clairement les prises de positions du maire de Poitiers concernant les marchands de sommeil en disant dans la Nouvelle République du 29-06-11 Pour Jean-Philippe Setbon le problème se lève à l’Est NR 29/06/2011 ; « l’action qui a été menée avec la ville de Poitiers depuis 3 ans pour éradiquer les unes après les autres les poches d’habitats insalubres, qui étaient en fait tenus par des marchands de sommeil, a singulièrement rendu plus difficile la venue de sans-papiers. » Sans commentaires, sauf peut-être ceux de Patrick Coronas (conseiller municipal délégué PCF de Poitiers) dans la Nouvelle République du 29-06-11 :« Je me sens démuni par ces décisions qui sont prises en dehors de toute logique apparente. Je pense pourtant qu’il y a bien une logique sous-jacente qui est de créer la tension chez certaines populations visées. Tout est fait pour rendre la vie impossible à ces gens-là »
Déjà que les lois, sont très peu en faveur des mal-logés et sans-logis et sont très largement dédiées à la défense des intérêts des propriétaires, de surcroît les plus riches sont beaucoup mieux armés pour faire marcher la justice dans le sens de leurs intérêts, alors que, les quelques lois en faveur des plus précaires, des mal-logés et sans-logis, ne sont même pas appliquées par les institutions qui en ont la charge.
Nous exigeons donc, qu’au lieu de dissuader les gens d’exercer leurs droits, qu’au lieu d’être au service des propriétaires immobiliers, les pouvoirs publics, préfecture, mairie, Conseil général… respectent la loi et mettent en place un véritable service d’hébergement et de logement. En fait, tout ce qui est prescrit par la loi du 25 mars 2009 et qui est inexistant sur Poitiers : Un accueil inconditionnel et pérenne car « Ce dispositif fonctionne sans interruption et peut être saisi par toute personne, organisme ou collectivité » « toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir […] y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite » ; un accueil « conforme à la dignité de la personne humaine » ; des « prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, une première évaluation médicale, psychique que physique et sociale » ; une première orientation « vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui apporter l’aide justifiée par son état, notamment un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, un hébergement de stabilisation, une pension de famille, un logement-foyer, un établissement pour personnes âgées dépendantes, un lit halte soins santé ou un service hospitalier » ; un accompagnement personnalisé digne de ce nom : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé » ; une seconde orientation « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation » . Le but ultime est bien de vivre dans un logement stable car le seul hébergement n’est pas une fin en soi puisqu’il s’agit d’aider « les personnes et les familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d’insertion » à « accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale ».
Nous n’accepterons jamais des lois ségrégationnistes, les exploitables d’un coté et les indigents à la rue !
Nous exigeons :
– un accueil sans condition. L’accueil en hébergement d’urgence relève de plus en plus de l’arbitraire et du discrétionnaire. Les structures effectuent une sorte d’écrémage assez honteux pour écarter les personnes sans titre de séjour.
– Un accueil pérenne avec le droit à un parcours résidentiel pour passer de l’hébergement vers le logement pérenne en tant que locataire.
– Des conditions d’hébergement convenable. Depuis que la Croix-Rouge gère l’hébergement d’urgence et ce centre de Monbernage, on constate un retour vers des pratiques d’un autre âge : promiscuité insupportable, ni droit à l’intimité avec un espace personnel, ni droit à vivre en famille. Considère-t-on que les individus sans logement soient des sous hommes, une sorte de sous-prolétariat que l’on pourrait traiter n’importe comment ?
Rassemblement devant le CHUS « 115 » 15 rue de Montbernage
Mercredi 18 décembre 17h30
Les habitants des squats appellent à la solidarité. Faites un don pour les aider. Les habitants des squats ont toujours besoin de nourriture, de vêtements, de couvertures, d’ustensiles de cuisine, de meubles, en urgence, couffins, poussettes, vêtements de nouveaux nés… Les habitants du squat l’Etape sont aussi à la recherche de lieux, genre garages, pour stocker leurs meubles suite à l’expulsion et ce avant le 7 janvier.
Chèques à l’ordre du DAL86 a envoyer à DAL86, Maison de la Solidarité, 22 rue du pigeon blanc 86000 POITIERS en précisant au dos « Squat l’Etape ».
DAL86 – dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56
Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers
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