En septembre, on récolte le Rat Dit
Le collectif le Rat Dit propose des ateliers aux Béglais dans la maison occupée depuis mai.
En attendant les radis, Charlotte cueille les tomates.En attendant les radis, Charlotte cueille les tomates. (Photo J.-M. L.B.)
Le drapeau noir flotte toujours sur la marmite du 102 avenue du Professeur-Bergonié. Depuis quatre mois, le collectif le Rat Dit occupe les lieux. Début août, le tribunal a étudié l’affaire et doit rendre son jugement le 21 septembre. Il n’y a guère de doute sur le fait que la CUB sera autorisée à récupérer légalement son bien de 1 390 m², prévu pour y développer un projet d’habitat coopératif (1).
Charlotte Le Goff, la coordinatrice du collectif, sourit en reprenant les termes exacts parus dans « La Béglaise » de mai, le journal de la mairie : « Le droit à la ville pour tous doit être une exigence, aussi bien en termes de logement que d’accès à la connaissance ou d’équipements de proximité, culturels et sportifs. » « Quand je lis ça, s’amuse-t-elle, je crois que Noël Mamère parle de nous… »
Partage des connaissances
En attendant le 21 septembre, le Rat Dit ne va pas se tourner les pouces dans son squat. Cette semaine, trois camions et deux caravanes vont venir grossir les troupes d’occupation et les occupations ne vont pas manquer : « Nous allons ouvrir les hostilités et proposer début septembre des ateliers gratuits aux habitants du quartier. Chacun de nous apportera son savoir-faire, que ce soit du cirque, des arts graphiques, du jardinage, de la musique ou même de la mécanique, dans une logique de partage des connaissances. Beaucoup d’entre nous sont issus du milieu de l’animation socioculturelle », souligne Charlotte Le Goff.
Rat Dit ou paradis
La coordinatrice reconnaît que leur débarquement dans cette maison n’a pas été forcément vu d’un bon œil par les gens du quartier, du moins au tout début. « Maintenant, ils viennent nous voir, ils nous soutiennent et les enfants sont ravis de venir, on a même aménagé une pièce spécialement pour eux. Il y a une petite fille qui nous a dit, ici, ce n’est pas le Rat Dit, c’est le paradis. »
Une chose est sûre, le collectif finira bien par trouver sa place, quelque part. « Nous ne partirons pas avant qu’on nous oblige à le faire. Ensuite, on verra bien comment ça va se passer, mais ce ne sont pas les maisons inhabitées qui manquent à Bègles. »
D’ici là, le collectif autogéré aura certainement déjà récolté ses semis de radis. Le potager, qui sert de complément alimentaire à la dizaine de permanents des lieux, a déjà fait ses preuves en matière de tomates. « Ouvrir un squat, c’est politique », clame Charlotte. Mais il y a aussi des contingences matérielles comme le rappelle le slogan au-dessus de l’évier : « Tout le monde veut faire la révolution, mais qui fera la vaisselle ? »
(1) Les 6 et 13 septembre prochain, deux réunions publiques de lancement du projet d’habitat coopératif, organisées par la ville de Bègles, se tiendront au parc de l’Intelligence environnementale à 18 h 30.
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