14 associations écrivent au préfet et demandent une entrevue.
Monsieur le Préfet,
Nos 14 associations réunies autour de l’accueil des migrants ont fait le constat d’une insuffisance de places d’hébergement d’urgence en Indre-et-Loire. Depuis plusieurs semaines, nous nous réunissons régulièrement pour faire le point et nous sommes confrontés à une gestion départementale et régionale sans visibilité.
L’hébergement d’urgence doit répondre à toutes les demandes faites par les personnes en situation de précarité, qu’elles soient françaises ou étrangères, sur la seule base de cette précarité. Du fait de la pénurie de places, ont été mises en place des critères de priorité et depuis la mi-janvier, le 115 est amené à refuser chaque nuit un hébergement pour de plus en plus de monde (jusqu’à 5 familles par soir), ce qui nous semble peu conforme aux directives gouvernementales affichées (cf lettre de Mr B. Apparu d’octobre 2010). Les demandeurs d’asile, en particulier les familles, ont la priorité dans des chambres d’hôtel ouvertes en supplément selon des critères de priorité définis par le SIAO. Quand toutes les personnes appelant le 115 présentent ces critères de priorité, les salariés doivent “choisir” les “plus prioritaires”. Des familles sont donc amenées à être hébergées suivant une séquence tournante ce qui les place dans une grande instabilité. C’est le soir, et souvent tard, qu’elles apprennent si elles seront hébergées ou non. Nous considérons qu’il s’agit d’un traitement indigne pour des familles avec de très jeunes enfants et des enfants scolarisés en primaire et au collège.
Dans ces conditions, des particuliers ou des associations prennent en charge ces familles dans une démarche de solidarité citoyenne, palliant ainsi une carence de l’Etat. Nous comptabilisons en ce moment jusqu’à 15 familles, soit plus de 60 personnes qui sont ainsi hébergées sur des financements entièrement privés ou associatifs, auxquelles il faut ajouter plusieurs familles dont l’hébergement est pris en charge par le CCAS de Tours.
Pour ce qui est de l’asile, nous avons dénoncé avec force depuis 2 ans le démantèlement de la plate-forme départementale d’accueil des demandeurs d’asile et sa régionalisation. Cette régionalisation est un échec. De ce fait, l’Etat est amené à reconstituer une “mini- plate-forme” en Indre-et Loire avec des financements spécifiques pour les primo-arrivants. Alors que l’AFTAM gérait globalement et de façon satisfaisante ce problème, les fonds maintenant répartis entre plusieurs organismes font que le dispositif global manque de transparence et de logique.
Nous vous demandons d’intervenir auprès du ministère pour que des crédits suffisants soient délégués à l’Indre et Loire et auprès du Préfet de région pour que les budgets soient répartis de manière opportune entre les départements. La politique d’accueil des primo-arrivants est un enjeu national qui ne trouvera aucune solution au niveau d’un ou de quelques départements. Des places d’hébergement en CADA ont été promises par monsieur le ministre Eric Besson en 2010 , il n’y en a eu que 34 prévues en 2010 dans la région Centre. Il y a un hiatus entre la politique d’immigration et la réalité des flux migratoires : l’augmentation des arrivées de demandeurs d’asile dans la région Centre n’est pas assortie d’une augmentation des réponses budgétaires. Les places d’hébergement d’urgence sont donc occupées majoritairement par des étrangers en situations précaires : personnes en attente de CADA ou de place pré-CADA, personnes en attente d’un rendez-vous à la préfecture d’Orléans pour inscription au dispositif national d’asile (DNA), déboutés du droit d’asile ou en procédure de réexamen.
La pression exercée sur les CADA pour faire sortir ces personnes ne fait que renforcer la demande sur les dicpositifs d’hébergement d’urgence généralistes. Dans le même temps, nous apprenons que les crédits d’hébergement d’urgence (BOP 303) qui ont été délégués à la Région Centre pour 2011 représentent environ 25 % des crédits 2010.
Cette pénurie conduit à ce que la situation des primo-arrivants vienne parfois en “concurrence” avec celle des déboutés ou des familles françaises. La partie la plus fragile de la population qui relève de l’hébergement d’urgence, que l’on devrait “aller chercher”car elle ne vient pas spontanément vers les structures d’urgence devient alors, avec tous les risques que cela comporte pour elle, encore plus “invisible”. Cette situation est totalement incohérente au vu des politiques affichées.
Le dispositif hivernal de mise à l’abri va se terminer. Dans une situation où les capacités d’accueil sont dèjà saturées nous ne voyons pas comment les personnes seront prises en charge dans un hébergement digne et non aléatoire.
Face à une situation qui est en train de s’aggraver rapidement, nous voulons, par cette lettre ouverte et par la mobilisation de nos associations, sensibiliser la population tourangelle.
Nous vous demandons de bien vouloir nous accorder un entretien pour évoquer ensemble tous ces sujets.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de nos salutations distinguées.
14 associations d’Indre-et-Loire :
ACTIVE, Centre Porte Ouverte (CPO), Chrétiens-Migrants, Cimade 37, Collectif Pauvretés Développement (CPD), Emergence, Entr’Aide Ouvrière, Foyer Albert Thomas, Halte de Jour, La Barque,LE NID,La Nuitée, RESF 37, Secours Catholique.
Contact pour la coordination :
Brigitte Bécard, brigittebecard@free.fr, Tel : 06 84 22 37 09
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