Compte rendu de l’action Logiparc du 28-02-2013

Droit Au Logement Vienne (86)

Droit Au Logement Vienne (86)

Mesdames B. et G. sont deux sœurs qui ont chacune une famille. Pour l’une composée de son mari et de leurs 3 enfants, pour l’autre composée de son mari et de leurs 4 enfants. La première habite dans un F5 loué par Logiparc et elle héberge la famille de sa sœur qui est sans logis et qui a fait une demande de logement social depuis septembre dernier. Comme ça urge, ces personnes viennent régulièrement voir où en est leur demande et il leur a été répondu plusieurs fois à l’accueil de Logiparc que tant qu’ils n’auraient pas de travail, ils ne pourront pas avoir de logement.

Contacté par ces deux familles, le Dal86 est scandalisé. D’abord, comment se fait-il que cette famille attende un logement social depuis plus de cinq mois ? Rappelons que les pouvoirs publics claironnent à tout va qu’il n’y a pas de tension sur le logement social. Jean-Claude Servouze le président de l’Entraide Sociale Poitevine et administrateur de Logiparc affirmait dans Centre Presse le 05/04/2012 « Le logement social n’est pas en tension sur la ville. Il y a des solutions pour chacun ». Dans la Nouvelle République le 07/09/2012, c’est Dominique Clément, le maire de Saint Benoît, qui affirme dans l’article « Logements sociaux les élus veulent plus de temps » : qu’« il n’y a pas de tension sur le logement social sur Grand-Poitiers ». Pour lui, il suffit de faire une demande de logement social pour obtenir ce que l’on souhaite dans la « semaine […] sur Grand Poitiers » et « si l’on est pressé, […] à Saint-Eloi, […] dans la journée ». Qu’attendent-ils donc pour satisfaire les demandes qui leurs sont faites ?

Ensuite, comment se fait-il que Logiparc puisse répondre à ces personnes qu’il faut qu’elles aient du travail pour avoir un logement ? Déjà, un autre Bailleur « social », Habitat 86, en septembre dernier, avait refusé à une famille adhérente du Dal86, l’attribution d’un logement qui leur avait été réservé, explicitement en raison de leurs dettes provoquées par leur précédent bailleur qui était… privé, ce qui ce que nous avions jugé clairement discriminatoire.

Il en est de même aujourd’hui avec cette famille. Logiparc les « trie » par rapport à leur revenus. Nous sommes donc allés avec Mesdames B. et G. accompagnées d’une dizaine de militants du DL86, à 16h au siège de Logiparc et avons demandé à voir un responsable. Très rapidement les deux personnes que nous avions déjà rencontrées pour un précédent dossier nous ont tous reçus. Nous avons pu échanger et en quelques minutes Logiparc nous a promis de se pencher très rapidement sur ce dossier. Nous avons continué après à échanger et l’opération a duré une demie heure.

A l’heure où la mairie de Poitiers se vante de la lutte contre les discriminations, qu’elle mène depuis 2007 en faisant un appel à projets auprès des associations, les bailleurs sociaux qui manquent de moyens financiers, discriminent à qui mieux mieux en écartant les dossiers selon des critères illégaux.

Essayons toutefois d’aller plus loin en nous interrogeant sur les raisons de ces tris par les Bailleurs sociaux. En fait, il ne s’agit pas bien-sûr pour les bailleurs sociaux de discriminer pour discriminer mais de savoir si leur futur locataire est un bon petit qui paie bien ses loyers et non un filou congénital qui cherche à truander. Les bailleurs semblent considérer que les locataires ne paient pas leur loyer parce qu’ils font preuve de mauvaise volonté. Ils n’imaginent même pas que quelqu’un peut avoir des accidents dans la vie, qu’il peut payer régulièrement son loyer et du jour au lendemain ne plus pouvoir.

Pourquoi les bailleurs sociaux cherchent-ils à se préserver de supposés « mauvais payeurs ? C’est parce que, selon les personnes rencontrées à Habitat 86 le 20 septembre dernier, « c’est l’ensemble des locataires qui paient les dettes des mauvais payeurs ». Ce n’était pas la première fois que nous entendions une telle affirmation mais là dans cette discussion nous ne comprenions plus ce qu’elle signifiait et comment cela était possible. Si « c’est l’ensemble des locataires qui paient les dettes des mauvais payeurs » cela ne veut-il pas dire que tous les locataires d’un bailleur social sont en quelque sorte propriétaires et que le Bailleur ne serait plus social mais coopératif ? Mais si c’était bien le cas, une fois que le bien est amorti, le locataire-propriétaire ne paierait plus de loyer mais seulement des charges. Or, les locataires des logements sociaux continuent de payer des loyers. Par exemple les immeubles de la SIPEA de Saint Cyprien qui sont en train d’être réhabilités aujourd’hui et qui ont été construits à la fin des année 50 et au début des années 60, combien de fois ont-ils été amortis alors qu’aucun des locataires n’est propriétaire en ayant payé ses loyers ?

Par contre si « c’est l’ensemble des locataires qui paient les dettes des mauvais payeurs » n’est pas vrai au passé, il l’est au futur. Rappelons que le coût du programme de Rénovation Urbaine par la CAP depuis 2006 représente 159,2 millions d’euros dans le cadre des conventions pluriannuelles (convention de base 2006-2011 [73,9 millions d’€.] et avenant 2008-2013 [85,3 millions d’€.] Si L’Etat (ANRU Agence Nationale de Rénovation Urbaine), finance à hauteur de 16 millions d’€. soit seulement 10,05%, les bailleurs sociaux financent au moins 49% soit 78 millions d’€.

Le scandale est là : de deux choses l’une soit les bailleurs sociaux possédaient déjà cet argent c’est-à-dire l’ont récupéré sur les bénéfices qu’ils auraient fait sur le dos de leurs locataires, soit chose plus probable, ils l’ont emprunté et ce seront les actuels et nouveaux locataires qui rembourseront la moitié du montant de la rénovation urbaine sur leurs loyers. Et donc c’est pour cela que les Bailleurs sociaux sont tentés de trier leurs locataires afin de sélectionner les bons payeurs qui leurs permettront plus facilement de rembourser leurs dettes.

 

Face au cynisme de l’Etat, des élus et des Bailleurs sociaux, ne nous laissons plus faire. Exigeons qu’ils arrêtent de faire payer les plus pauvres pour les plus pauvres. Halte au racket des locataires de logements sociaux.

 

Exigeons une baisse conséquente des loyers y compris dans le logement social. Exigeons que les personnes en état de nécessité soient exonérées de leurs loyers et de leurs charges.

 

DAL86 www.dal86.frdal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

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